La résistance aux virus

Parmi les nombreuses attaques que doivent subir les plantes, les virus sont les plus nocifs car il n'existe aucun traitement curatif. Or, les maladies virales constituent un problème extrêmement répandu dans le monde végétal, causant d'importants dégâts dans certaines cultures. Chez la pomme de terre, par exemple, une infection virale peut occasionner jusqu'à 80 % de perte sur une même récolte...

Vous avez dit virus ?

Spécifiques, ces virus ne constituent aucun danger toxique pour l'homme ou l'animal, ciblant essentiellement la plante elle-même.

Concrètement, un virus végétal peut être représenté comme un simple morceau de matériel génétique (brin d'ADN ou d'ARN), entouré d'une coque (capside) composée de protéines spécifiques. Quand il pénètre dans une cellule végétale - après avoir été transmis par un puceron - il se libère de sa coque. Son brin (ADN ou ARN) s'incorpore alors au matériel génétique de la plante et les cellules infectées se mettent à produire des copies du virus. Le processus implacable est en route.

De la protection naturelle...

Jusqu'à présent, les agriculteurs se prémunissaient des attaques virales par l'utilisation de semences indemnes de tout virus, par un contrôle sanitaire strict ou par l'application d’insecticides limitant les attaques de pucerons et autres vecteurs potentiels de virus.

Aujourd'hui, il existe un moyen efficace de contrôler une infection virale dans les champs : utiliser des plantes résistantes aux virus. Des variétés dotées de degrés divers de tolérance ou de résistance ont ainsi été développées par la sélection végétale traditionnelle.

... à la protection croisée

Cependant, pour de nombreuses  espèces ou dans le cas de virus spécifiques, il n'existe aucune source connue de résistance naturelle. C'est pourquoi les sélectionneurs se sont tournés vers la protection croisée et les biotechnologies.

Il y a 50 ans, des chercheurs ont découvert le phénomène de protection croisée. Des plantes infectées par un virus peuvent être protégées par d'autres virus plus virulents. Ils ont donc inoculé des souches bénignes ou non virulentes à des plantes pour induire une résistance à des germes plus agressifs.

Ce phénomène est comparable à la vaccination chez les humains et les animaux.

Des plantes résistantes aux virus

Ces tests et observations ont aussi inspiré l'idée de ne transmettre à la plante qu'une partie du génome viral (et non son intégralité) afin d'interférer avec l'infection provoquée par le virus.

C'est ainsi que des espèces transgéniques résistantes aux virus ont été obtenues : tabac, courge, poivron, manioc, etc. Ces plantes expriment une partie bien spécifique du génome viral. Ces séquences virales correspondent à des séquences non codantes, ou alors, elles codent pour des protéines de la capside, ou pour des sous-unités de l'ARN polymérase virale. Ce transgène peut intervenir dans différents processus, comme l'initiation de l'infection, la réplication du virus, l'extension de l'infection au sein de la plante et le développement des symptômes.


Des tests convaincants

Différentes études ont démontré que les plantes ainsi "transformées" demeurent pratiquement insensibles aux virus qui provoquent normalement de sévères symptômes.

Les premiers essais en champs furent menés aux États-Unis sur des tomates transformées pour exprimer la protéine capsidique du virus de la mosaïque des tomates. Ces essais ont démontré que, suite à une infection provoquée, les rendements en fruits baissaient de 25-35 % sur des tomates non transformées tandis que les plantes transgéniques n'affichaient aucune perte.

Cette technique est utilisée notamment pour lutter contre certaines viroses de la pomme de terre, la rhizomanie en betterave, le virus de la mosaïque du concombre, de la tomate, du chou-fleur ou du melon.

(crédit photo : BASF)