La révolution verte

La "révolution verte", qui débute juste avant et au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, a engendré une formidable augmentation des rendements des cultures. Un essor attribuable à la combinaison de trois facteurs : l'utilisation de semences "sélectionnées" appartenant à des variétés à haut rendement ; l'apport d'engrais et produits phytosanitaires et un contexte politique favorable de régulation des marchés.

L'amélioration des plantes : des effets spectaculaires

Un des fondements de la révolution verte réside dans l'amélioration génétique des plantes issue des premiers pas de la génétique. L'application à l'agriculture des lois de transmission des caractères héréditaires découvertes par le moine Gregor Mendel ouvre en effet la voie aux premières sélections de variétés par hybridation. En 1865, Mendel publie ses recherches sur l'hérédité des caractères, dont les résultats trouvent une première application dix ans plus tard avec le "froment miracle à grosse tête" de Karl Früwirth.

Le blé, une plante emblématique

L'exemple du blé donne la mesure de cette révolution verte. En France, jusqu’à nos jours, la création de variétés améliorées a permis de faire progresser les rendements moyens de 10 à 75 q/ha. Ainsi, "en 1920, on ne récoltait que 15 quintaux de blé à l'hectare, guère plus qu'au Moyen âge, et à peine 20 en 1950. Aujourd'hui, on approche 70, avec des records à 130"6.

Cette augmentation spectaculaire est le fruit de l'utilisation conjointe de différentes pratiques et techniques : application des connaissances de l'hérédité des caractères ; apports des biotechnologies et des techniques de sélection classiques ; généralisation de la fertilisation ; lutte contre les adventices (mauvaises herbes) ; traitement antiparasitaire et pour certaines cultures, gestion raisonnée de l'irrigation.

Nouvelle ère, nouveaux défis

Si la mécanisation de l'agriculture permit en son temps une réduction des coûts, l'augmentation des rendements est principalement à porter au crédit de la chimie et de la génétique, pivots de la "révolution verte". Cette évolution des pratiques culturales et des politiques agricoles a auguré une ère nouvelle en Europe : celle d'une agriculture capable de nourrir toujours plus d'hommes.

D'autant que l'accroissement des volumes de production et l'amélioration de la qualité ont permis de baisser les coûts des denrées alimentaires courantes - les rendant plus accessibles à la majeure partie des populations.

En France, alors que la consommation des ménages français affiche une progression régulière, la part du budget des familles consacrée à l'alimentation ne cesse de réduire : de 25,9 % en 1970, elle ne représente plus que 18,6 % en 1992. Dans les pays en voie de développement, la révolution verte a fait également son chemin...

La faim dans le monde, un enjeu planétaire

L'exemple du riz illustre la mise en oeuvre de cette révolution dans les pays du Sud : "Les nouvelles variétés de riz et de blé ont un rendement potentiel supérieur de 2 ou 3 fois par rapport à des variétés traditionnelles."7 C'est ainsi qu'avec la diffusion de nouvelles variétés à haut rendement, la production de céréales en Asie a augmenté d'un tiers au cours des années 1970. En 1980, le nombre de personnes touchées par la faim en Asie du Sud et de l'Est avait baissé de plus de 100 millions, mais représentait encore près de 650 millions d'individus.

Un moteur essentiel du développement

L'impact de la révolution verte dépasse le simple domaine agricole, constituant même l'un des moteurs de la croissance du Sud-Est asiatique. L'augmentation des revenus des populations rurales a engendré, par incidence, une hausse de la demande en biens de consommation, contribuant au développement de l'ensemble de l'économie. La décennie 1970 a ainsi été marquée par des taux de croissance de plus de 7% en moyenne par an, de la richesse nationale dans des pays comme l'Indonésie, la Thaïlande, la Corée du Sud et la Malaisie.

Un chalenge pour l'avenir

Aujourd'hui, à l'inverse de la production agricole qui semble réduire sa progression, la population mondiale connaît, quant à elle, une croissance continue. Dans un futur proche, l'agriculture devra relever ce véritable défi : nourrir une population en croissance sur des terres inextensibles.

 

6 Philippe Ledieu, Planète agricole, coll. Explora, Cité des Sciences et de l'Industrie, p. 110.

7 Patrick Pigeon, Espaces ruraux et échanges internationaux (Economica, 1997), p.71.