Le Programme Opérationnel d'Evaluation des Cultures issues des Biotechnologies (POECB)

Le Programme Opérationnel d'Evaluation des Cultures issues des Biotechnologies (POECB) a pour objectif d'étudier la coexistence entre maïs OGM et non OGM dans des conditions naturelles – avec des contrôles effectués du champ au silo, puis du silo à la fabrication d'aliments pour animaux. Les résultats de trois années d'expérimentation ont ainsi démontré que cette coexistence est possible.

Présentation

Si les essais réalisés en laboratoire, sous serre ou sur des parcelles de petites tailles permettent de procéder aux premières évaluations d'une variété d'OGM*, ils ne peuvent apporter toutes les réponses. Certaines questions, comme la dispersion du pollen et la traçabilité, requièrent une expérimentation grandeur nature.

Suite à ce constat, le projet POECB a démarré en 2002. Ce programme a été conduit sur des parcelles de surfaces représentatives de celles des maïsiculteurs français, et mené avec des variétés autorisées. Il a fait l'objet, chaque année, d'une déclaration auprès du Comité de biovigilance.

Objectifs

Le programme s'est défini en trois grands objectifs :
1. L'étude de la coexistence de productions de maïs OGM et conventionnel.
2. L'obtention d'informations scientifiques opérationnelles permettant d'expertiser et de garantir la traçabilité des cultures du champ au silo, puis du silo à la fabrication d'aliments pour animaux.
3. L'analyse des bénéfices d'un maïs tolérant à ses principaux ravageurs (pyrale et sésamie), maïs Bt, et la mise à disposition de ces plateformes pour les études de biovigilance.

Résultats et nouveaux outils

A l'issue de trois années d'expérimentation, un certain nombre de constats et conclusions opérationnelles ont été tirés.

Maïs Bt, des résultats positifs

La pyrale et la sésamie, principaux ravageurs du maïs, sont des papillons dont les chenilles se nourrissent des tiges et des épis de maïs. Elles peuvent occasionner jusqu'à 30 % de pertes sur les récoltes, selon les années et les localisations.

A l'état naturel, il existe dans le sol une bactérie ("Bacillus thuringiensis : Bt") sécrétant une protéine capable de lutter contre ces larves. Le maïs Bt a donc été élaboré pour résister à ces ravageurs, cette protéine Bt étant produite dans la plante. Ciblée exclusivement sur la pyrale et la sésamie, cette technologie Bt assure une protection efficace des tiges, feuilles et épis.

Dans le cadre du programme POECB, les scientifiques ont constaté que le maïs Bt s'avère particulièrement utile lorsque le taux de présence de ces insectes dépasse 8 larves pour dix pieds de maïs (0,8 larve par plante).

Ainsi en 2002, les résultats ont montré un gain de 6,4 quintaux par hectare. En 2003, une trop faible présence des ravageurs avait rendu impossible ces mesures. Mais en 2004, ils indiquaient un gain de rendement conséquent, de l'ordre de 7 quintaux par hectare – avec une meilleure qualité de grain à la récolte. Ciblée exclusivement sur la pyrale et la sésamie, la technologie Bt permet une protection efficace des tiges, des feuilles et des épis durant tout le développement de la plante.

Fécondation croisée, la gestion au champ est possible

Les expérimentations menées depuis 2002 montrent que le taux de fécondation croisée entre variétés OGM et non OGM diminue très rapidement avec la distance, comme pour les fécondations entre variétés conventionnelles. En effet, seuls les premiers rangs de bordure peuvent présenter un taux d'OGM supérieur à 0,9 % (seuil de présence fortuite autorisé en Europe).

Les résultats POECB ont ainsi révélé qu'une parcelle conventionnelle, équivalente en surface à une parcelle OGM, et située à proximité immédiate de celle-ci, présente un taux de fécondation croisée inférieur à 0,9 %.

Ce qui signifie que la production de cette parcelle contiguë demeurera une production conventionnelle et ne nécessitera pas un étiquetage spécifique, conformément à la réglementation.

Séchage et fabrication d’aliments du bétail, la cohabitation réalisable

Des études ont également été menées sur le séchage et la fabrication d'aliments pour le bétail. Elles ont consisté à évaluer la possibilité de gérer la succession de lots de grains de maïs OGM et non OGM* dans une même installation.

Cette expérimentation a démontré que, dans les conditions des tests, il est possible de sécher un lot de maïs non OGM à la suite d'un lot OGM - sans être obligé de vider le séchoir.

De la même manière, lors du process de fabrication d'aliments pour animaux, la "vidange" s'est effectuée en une fabrication. Il n'a pas été nécessaire de prendre de mesures particulières de nettoyage des installations, pour garantir aux animaux une production d'aliments non OGM, issus d'un lot de maïs conventionnel.

*(seuil <0,9 %)

Élaboration d'une méthode de détection d'OGM

En 2004, le projet POECB a testé une méthode de détection, utilisable au champ, rapide et économique destinée à évaluer la présence de protéines Bt, basée sur le test ELISA (reconnaissance d'une protéine par coloration spécifique).

Ce test de "bandelettes" permettra de détecter une présence de maïs OGM supérieure à 1 %, soit à un seuil proche de celui de présence fortuite autorisé - fixé à 0,9 % en Europe.

Le calibrage de ce test est en cours.

Conclusion

Les expérimentations menées dans le cadre du POECB démontrent qu'il est techniquement possible de gérer des filières répondant aux normes européennes.

Les données scientifiques recueillies dans le cadre de ce programme peuvent servir de base de réflexion réglementaire sur la gestion de la coexistence au champ. Le POECB a, en effet, permis d'identifier les paramètres nécessaires à la mise en oeuvre d'une gestion simultanée des deux filières (OGM et non OGM), du champ à la fabrication d'aliments pour animaux :

- points de contrôle permettant de gérer la coexistence,
- procédures spécifiques pour la récolte, le transport, le séchage, le stockage et la fabrication d'aliments pour animaux.

AGPM : Association générale des Producteurs de Maïs.
ARVALIS-institut du végétal : Institut de recherche appliquée agricole.
CIMAÏS : Centre d'information sur le maïs.
DEBA : Débats et Echanges sur les Biotechnologies en Agriculture.
FNPSMS : Fédération Nationale de la Production des Semences de Maïs et de Sorgho.
INRA : Institut National de la Recherche Agronomique.
IRTAC : Institut de Recherches Technologiques Agroalimentaires des Céréales.
SEPROMA : Chambre syndicale des entreprises françaises de semences de maïs.