La production de soie d'araignée par des tabacs transgéniques

La soie d'araignée est une microfibre naturelle et biodégradable, plus mince qu'un cheveu (d'un diamètre inférieur à 1/10 de celui d'un cheveu humain). Toutefois, elle est trois à cinq fois plus résistante que l'acier et plus élastique que le Kevlar, matériau breveté utilisé dans la fabrication de gilets pare-balles et de canots.

Soie d'araignée, des qualités hors du commun

Les propriétés étonnantes de la soie d'araignée sont connues de longue date. Les Grecs anciens l'utilisaient pour refermer les plaies tandis que les aborigènes d'Australie en faisaient des lignes de pêche.

Plus récemment, cette soie a servi à la fabrication de réticules pour nombre d'instruments optiques comme des microscopes, des télescopes et des systèmes de visée optique.

Depuis des siècles, diverses civilisations ont tenté de les reproduire. Malheureusement, en raison de leur caractère territorial et carnivore, il n'est pas possible d'élever les araignées comme cela se pratique avec les vers à soie.

Biotechnologies et production de soie : les recherches

Un grand nombre de chercheurs pensent que la finesse de la soie d'araignée pourrait permettre aux fabricants de textile de concevoir des matériaux nouveaux. D'une extrême légèreté, ils seraient néanmoins assez solides pour résister à des contraintes de force précises comme des fils de suture, des câbles ou des vêtements pare-balles souples et minces.

L'entreprise Nexia Biotechnologie Inc. a déjà perfectionné une méthode utilisant des chèvres transgéniques, dotées d'un gène responsable de la production de la protéine de soie de l'araignée. Ces chèvres produisent alors un lait renfermant cette protéine qui, une fois isolée et purifiée, est filée en fibre BiosteelIMC brevetée. Mais, à l'heure actuelle, la production de lait demeure insuffisante.

Une autre option consiste à utiliser les biotechnologies pour transformer des plantes en usines de fabrication de protéines de soie d'araignée. Des chercheurs canadiens ont réussi à introduire des gènes d'araignée dans des plants de tabac males stériles en vue de produire de grandes quantités de protéines de soie. Le tabac est une plante longtemps étudiée qui est à la base d'un système de culture en plein champ utilisé en "agriculture moléculaire".

C'est une production qui s'avère bon marché notamment au regard des systèmes traditionnels de production de bactéries et de cellules de mammifères axés sur la fermentation. Ces chercheurs ont validé ce concept en produisant de petites quantités de protéines de soie d'araignée dans des feuilles de tabac.

Les matières non traditionnelles, comme la soie d'araignée, sont précieuses et devraient être produites à grande échelle par le secteur agricole afin de répondre aux besoins des applications industrielles. Cette recherche offre par ailleurs au secteur agricole une occasion de jouer un rôle clé dans la création d'une industrie nouvelle de biofibres de pointe.