Les plantes génétiquement modifiées (PGM) ont-elles un impact sur les insectes ?

La problématique de l'impact des PGM sur les populations d'insectes s'est posée avec le développement de la technologie Bt qui induit une autoprotection de la plante contre les attaques d’insectes nuisibles. Cette technologie fait produire par la plante la protéine Cry qui dégrade le tube digestif de ces insectes. Mais de nombreux autres insectes co existent autour de la plante, dont certains très utiles. Il est évidemment primordial de ne pas affecter l'ensemble des insectes présents dans les cultures mais uniquement les insectes visés. C’est pour cela que l’introduction d’un gène Bt dans différentes plantes, comme le maïs ou le coton a été particulièrement étudiée, au cas par cas, avant son autorisation…

 

Le cas de la technologie Bt

La bactérie Bacillus thuringiensis, Bt, est employée depuis des décennies pour lutter contre différents insectes nuisibles. Elle contient en effet naturellement une centaine de protéines différentes, dites Cry, qui sont spécifiques et efficaces contre différents insectes nuisibles. La technologie Bt consiste à insérer, dans le génome d’une plante, une protéine spécifique du génome de la bactérie Bt qui dégrade le tube digestif de l’insecte-cible lorsque que celui-ci mange la plante. Par exemple, l’introduction d’un gène Cry 1 dans le génome du maïs induit une résistance contre la pyrale et la sésamie.

L’homme (ainsi que l’ensemble des mammifères)  ne possède pas les récepteurs des proteines Cry sur sa paroi intestinale, et contrairement aux insectes, peut en ingérer sans effets particuliers.

 

En 2011, une étude compilant 154 articles scientifiques sur l’impact de la protéine Cry conclut à l’innocuité des plantes Bt sur les insectes non cibles étudiés (y compris ceux du sol). Ces études sont obligatoires dans les dossiers de demande d’autorisations (dossiers d’évaluation des risques). Elles sont également produites dans le cadre de recherches fondamentales. Ces études doivent être faites au cas par cas, plante par plante et insecte par insecte et dans les conditions « naturelles » de culture. Des effets toxiques en laboratoire ont pu être observés dans certaines expériences, dus le plus souvent à une alimentation trop éloignée de la réalité.

 

Le cas spécifique des abeilles

Face au déclin des abeilles (plus précisément face au syndrome d’effondrement des colonies), de nombreux chercheurs ont étudié les facteurs incriminés. L’EFSA en a recensé 40, dont des parasites, des virus, des infections fongiques, la réduction de la biodiversité et potentiellement l’utilisation de pesticides, mais avec des résultats contestés et non concluantsà ce stade.

Les abeilles ne sont pas sensibles aux toxines Bt, mais peuvent être sujettes à une exposition importante au pollen de ces maïs Bt. le pollen du maïs Bt est peu collecté si les abeilles ont d’autres sources de pollen à proximité.

L’impact de ces PGM a particulièrement été étudié en laboratoire sur les larves des abeilles et sur les abeilles adultes. Toutes les études ont montré l’innocuité des protéines Cry sur les abeilles. Une étude parue en mars 2013sur des colonies d’abeilles étudiées au champ montre que les abeilles ayant exclusivement butinées du maïs Bt ne présentent aucune différence quant à la mortalité, le poids ou la digestion du pollen. Les chercheurs ont également montré que 98% des protéines Cry issues du maïs Bt étaient détruites dans le tube digestif des abeilles.

 

Le cas emblématique du papillon Monarque

En 1999, une étude parue dans Nature suggérait un effet toxique du maïs Bt sur le papillon Monarque (Danaus plexippus) en laboratoire. Du pollen de maïs Bt avait été déposé et consommé sur des feuilles de l’espèce dont il se nourrit habituellement. Six études menées au champ et publiées en 2001 ont montré qu’il n’en était rien. Au point que Nature a publié un articletitrant : « Monarchs safe from Bt » (pas d’action du Bt sur le papillon Monarque).

De plus, sur une exposition plus longue au pollen Bt et en tenant compte de la mortalité naturelle très forte des larves, des chercheursont conclu en 2004 que seul 0,6% des Monarques étaient susceptibles d’être tués dans les régions de cultures intensives de maïs Bt.

Enfin, d’autres études réalisées en 2002 et en 2013 montrent que c’est plutôt la rudesse de l’hiver qui est responsable de la forte mortalité (80%) de la population en hivernage et non la consommation de pollen de maïs Bt.

Grâce à une bibliographie scientifique riche, la communauté des chercheurs conclut aujourd’hui à une absence d’impact de la culture de maïs Bt sur le papillon Monarque

 

La lutte globale contre les insectes ravageurs : un impératif de bonne gestion des cultures

Comme pour toute autre culture, les agriculteurs doivent surveiller régulièrement le développement des insectes ravageurs même s’ils cultivent un maïs Bt très efficace contre la pyrale ou la sésamie. En effet, la lutte spécifique contre un insecte comme la pyrale dans le cas du maïs Bt peut, dans certains cas, engendrer l’apparition et la multiplication d’insectes qui sont généralement peu présents de par l’élimination de leurs prédateurs ou concurrents. En Chine, par exemple, des punaises en grand nombre ont été observées dans certains champs de coton résistants spécifiquement au ver de la capsule du cotonnier (lépidoptère nuisible). Ce phénomène n’est pas nouveau, ni spécifique aux PGM, mais il illustre la nécessité d’une lutte globale (intégrée) contre les insectes nuisibles, en recherchant des solutions efficaces tout en évitant des déséquilibres.