La résistance aux ravageurs

Les attaques des ravageurs - et notamment des insectes - varient selon les cultures, les zones géographiques et les années, occasionnant des pertes quantitatives et qualitatives. La lutte contre ces "fléaux" repose essentiellement sur l'application d'insecticides chimiques - systématique ou décidée à la suite de contrôles et comptages des insectes (ou des larves) "nuisibles" présents dans les champs.

Des plantes plus résistantes

Aujourd'hui, la transgénèse - ou capacité de modifier les plantes en introduisant de nouveaux gènes autrement que par la reproduction sexuée - se révèle un outil de lutte supplémentaire contre les ravageurs. Elle permet aux agriculteurs de limiter les traitements chimiques tout en protégeant efficacement leurs récoltes et ainsi de réduire les pertes.

Une bactérie contre les insectes

Une plante devient résistante à un insecte donné par l'introduction dans son génome, d'un gène codant une protéine toxique pour ce ravageur. Jusqu'à présent, pour toutes les variétés mises sur le marché, les gènes introduits proviennent de la bactérie "Bacillus thuringiensis" (d'où l'abréviation Bt accolée aux noms des plantes de ce type). Cette bactérie, reconnue depuis longtemps pour ses propriétés insecticides, est largement utilisée en agriculture biologique, par les exploitants forestiers et les jardiniers amateurs notamment. Elle protège les cultures des insectes visés sans nuisance pour les autres êtres vivants (mammifères et autres insectes comme les abeilles).

Un gène protecteur ciblé

Certains gènes issus de la bactérie "Bacillus thuringiensis" ("Bt") permettent aux plantes de produire elles-mêmes des protéines toxiques pour les insectes ravageurs comme la pyrale. Dans le cas de la pyrale, il s’agit d’une protéine bien spécifique toxique pour les larves. En effet, lorsque les larves l'ingèrent avec les tissus de la plante, elle entraîne rapidement leur mort. Cette toxine protège spécifiquement le maïs des insectes visés, sans nuisance pour les autres êtres vivants (mammifères et les autres insectes). La protéine se fixe sur des récepteurs spécifiques présents à la surface de l'épithélium intestinal, ce qui entraîne une mort rapide de l'insecte.

Comme elle est produite dans la plante, la protéine est protégée des facteurs climatiques et son efficacité perdure quel que soit le moment de l’attaque. L'agriculteur est ainsi assuré d'une bonne protection de ses cultures, qui est pratiquement de 100 % vis-à-vis des larves de pyrale de première génération.


Focus sur le maïs Bt

Le maïs est une plante de première importance autant pour l'alimentation humaine qu'animale. En France, en 2009, la production de maïs représentait 3.187.000 hectares de culture en maïs grains et fourrage.

Les pertes qualitatives et quantitatives sur ces récoltes peuvent être très importantes, essentiellement causés par les larves de lépidoptères (pyrales et sésamie) qui s'attaquent aux parties aériennes du maïs. Ces larves se nourrissent de la plante, la détruisent, l'affaiblissent et les grains abimés deviennent plus vulnérable aux attaques de champignons (parfois toxiques pour l'Homme et les animaux).

Pour maîtriser la prolifération de ces "nuisibles", plusieurs solutions : la lutte chimique (insecticides) ; la lutte biologique (utilisation d'insectes et de champignons qui parasitent les œufs de pyrale ; emploi de la bactérie "Bacillus thuringiensis" pour son action insecticide grâce à la synthèse de protéines toxiques pour les insectes spécifiquement). Ces méthodes respectent l’environnement mais leur efficacité n’est jamais totale : elle dépend de l’intensité de l’infestation, du stade d’intervention, des conditions climatiques…

Une nouvelle méthode innovante et plus efficace est l'utilisation de maïs transgénique Bt résistant aux insectes ravageurs.

Des plantes qui identifient leurs ennemis

Ce maïs Bt a été la première application pratique à grande échelle du génie génétique en matière de protection des cultures. Des travaux conduits en France (Bourguet et al., 2002), aux Etats-Unis (Orr et Landis, 1997) et en Italie (Lozzia, 1999) ont permis d'étudier l'impact de la culture du maïs transgénique sur les insectes non cibles (non visés). Ils ont comparé le bénéfice environnemental procuré par ce maïs Bt par rapport à l'emploi d'insecticides conventionnels chimiques ou biologiques. Les résultats ont confirmé que les variétés Bt, en raison de leur spécificité vis-à-vis des lépidoptères (pyrale, sésamie), respectent  les insectes non cibles et notamment ceux utiles aux cultures, à l'inverse de l’emploi d’une substance active insecticide conventionnelle chimique ou biologique .

En 2011, les variétés résistantes aux insectes représentaient 23,9 millions d'hectares de la surface totale d'OGM cultivés dans le monde.