Problématique des pays en voie de développement

Répondre à l'augmentation démographique

D'après la FAO (Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture), la sous-alimentation et la malnutrition affectent aujourd'hui près de 800 millions de personnes à travers le monde. De plus, pour compenser l'augmentation démographique planétaire, la production de nourriture devra augmenter de 2,3 % par an.

Pour atteindre ce niveau de croissance de la production agricole, il faudra faire appel à toutes les solutions disponibles. A savoir : l'utilisation de traitements phytosanitaires, le travail du sol, les engrais, le choix et la rotation des cultures, l’irrigation, la sélection variétale et le recours aux biotechnologies.

La majorité des populations des pays en développement vivant en zones rurales, elles dépendent directement de l'agriculture pour leur survie. Ce qui fait de ce secteur l'un des plus importants des économies de ces pays.

L'augmentation escomptée de la production alimentaire doit donc se dérouler dans un développement rural durable, sans incidence négative pour l'environnement. Et pour cela, le génie génétique et la transgénèse peuvent apporter de nouvelles solutions.

La situation dans les pays d'Afrique

En Afrique, un domaine d'application du génie génétique en agriculture réside dans l'amélioration de tubercules et racines vivrières comme la pomme de terre, la patate douce et le manioc. Des variétés génétiquement modifiées permettent à la fois de se protéger voire de maîtriser certaines maladies et parasites foudroyants et d'augmenter la productivité. Sur le manioc, des travaux consistent à améliorer également la teneur en vitamines.

La plupart des pays d'Afrique ont un important retard dans le domaine des plantes transgéniques mais beaucoup, comme l’Égypte, le Sénégal, le Burkina Faso et l’Afrique du Sud, ont accès à la technologie. Ils sont toutefois confrontés à une absence de lois sur le transfert des technologies génétiques, principal frein de l'utilisation de ces techniques.

Au Kenya, ce transfert s'effectue dans le cadre d'un partenariat avec les États industriels des pays développés.

Au Sénégal, c'est un partenariat avec un laboratoire de recherche universitaire français qui a permis le développement d'un laboratoire de biotechnologies. Ses missions sont axées d'une part sur des travaux de recherches visant à l'amélioration de la tolérance au manque d'eau chez un haricot originaire d'Afrique (le niebe), et d'autre part sur la formation de spécialistes en biotechnologies sénégalais.

La situation en Amérique du sud

L'Argentine, le Brésil et le Chili se sont lancés dans les biotechnologies à différents niveaux.

En Argentine, important-exportateur de soja, c'est la baisse des prix qui a conduit les agriculteurs à chercher un moyen de réduire leurs frais de production.

Pour cela, ils se sont tournés vers les offres des sociétés semencières en matière de culture de soja transgénique, résistant aux herbicides et aux insectes ravageurs. Aujourd'hui, plus de 24,5 millions d'hectares de plantes transgéniques sont cultivés dans ce pays (principalement du soja mais aussi du maïs et du coton). Par ailleurs, des scientifiques argentins ont mis au point des tournesols transgéniques et coopèrent avec des sociétés semencières.

L'Argentine dispose aussi d'une commission qui examine et autorise la culture des plantes transgéniques en se fondant sur des critères de biosécurité (la CONABIA). Ils ont autorisé une soixantaine de variétés transgéniques, dont certaines mises au point sur place, alors que d'autres ont été fournies par des sociétés semencières.

Le Chili, quant à lui, a fait le choix de cultiver très peu de plantes transgéniques (moins de 50 000 hectares en 2015) - bien qu'il soit capable de transformer toutes les espèces cultivées. En effet, alors que le ministre de l'Agriculture a approuvé un grand programme de développement des biotechnologies et notamment des OGM - le pays reste prudent. Il module ses productions et exportations en fonction des réticences observées. La position des chiliens est donc médiane.

Le Brésil voit dans les cultures transgéniques un moyen d'améliorer sa compétitivité internationale (44,2 millions d'hectares en 2015), notamment face à son voisin argentin. C'est pourquoi le gouvernement fédéral et la Commission nationale de biovigilance sont favorables aux OGM. Néanmoins, au Brésil, chaque état dispose de son propre secrétaire à l'Agriculture. Ce qui signifie que les élus locaux peuvent appartenir à un parti politique opposé à celui de la gouvernance fédérale. C'est le cas dans le Rio Grande do Sul, où le pouvoir en place a rétabli, dès son arrivée, la loi de 1991 qui interdit totalement les OGM. Cet état reste donc opposé aux OGM tandis que le reste du pays est favorable à leur développement (organismes publics de recherche (Embrapa), commission biovigilance et gouvernement). La situation n'est donc pas véritablement tranchée, comme dans beaucoup de pays en voie de développement.

La situation en Inde

L'Inde a d'ores et déjà mis en place les méthodes, définit les procédures, identifié les besoins, établi le cadre réglementaire et les mécanismes institutionnels, rassemblé des ressources humaines suffisantes et largement investi dans la recherche et le développement des OGM. Ce pays a même été le premier au monde à créer un secrétariat d'état aux biotechnologies en 1986.

De plus, de nombreuses recherches sont actuellement menées en Inde sur des légumes, le riz, le blé, le coton, les piments, la moutarde, le tabac, les tomates, les pommes de terre, le colza, le tabac, le blé et d'autres produits à divers stades de développement.

Parmi les huit quatre principaux pays producteurs de plantes transgéniques, l'Inde en a cultivé, en 2015, 11,6 millions d’hectares de plantes transgéniques. La principale plante transgénique cultivée en Inde est le coton Bt.

En conclusion

Outre l'Argentine, l'Inde et le Brésil, une vingtaine d'autres pays du Sud cultivent ou conduisent des essais de cultures transgéniques aux champs. Il s'agit de la Chine, du Costa Rica, du Guatemala, du Venezuela, de la Colombie, du Honduras, de la Malaisie, de l'Indonésie, de la Thaïlande, du Zimbabwe, de l'Égypte, du Kenya...

De nombreuses espèces sont concernées par ces recherches. Parmi elles, des cultures spécifiques de ces pays comme la canne à sucre, le manioc, la banane douce, le plantain, le palmier à huile...