Les OGM
Un organisme génétiquement modifié (OGM) est un organisme (animal, végétal, bactérie) dont on a modifié le patrimoine génétique (ensemble de gènes) pour lui conférer une caractéristique nouvelle. Cette modification est réalisée en utilisant une combinaison de techniques de « génie génétique » et de culture in vitro. Ces techniques permettent de transférer des gènes sélectionnés d'un organisme vivant à un autre, y compris entre des espèces différentes, par exemple : de la tomate vers le maïs. Elles permettent en pratique d'introduire dans un organisme des caractères nouveaux, que l’on n’a pas pu introduire par des techniques traditionnelles d’amélioration des plantes. Un exemple : introduire dans un maïs un gène de résistance à un insecte.
Les premières plantes biotechnologiques ont été modifiées pour bénéficier d’avantages agronomiques permettant :
- De lutter efficacement contre certains insectes nuisibles (ravageurs) détruisant les cultures.
- De résister à certaines maladies, notamment celles qui sont provoquées par des champignons, et qui conduisent dans certains cas à l’apparition de substances potentiellement dangereuses dans l’alimentation, comme les mycotoxines des céréales et du maïs.
- De résister à des virus qui peuvent ravager toute une récolte comme dans les vignes atteintes de court-noué.
- De résister aux herbicides afin de mieux maîtriser les mauvaises herbes qui concurrencent la culture.
Les plantes biotechnologiques permettent également :
- D’améliorer les qualités nutritives des aliments : par exemple, des recherches visent à mettre au point des plantes enrichies en acides gras oméga 3 (contribuant à la prévention des maladies cardio-vasculaires), en acides aminés, en fer, ou encore en vitamines (palliant aux carences alimentaires).
- De prévenir ou traiter certaines pathologies. Actuellement en développement, elles permettront notamment la synthèse de molécules à visées thérapeutiques (anticorps, vaccins, hormones).
Les plantes biotechnologiques peuvent contribuer, avec d’autres pratiques, à certains défis majeurs :
- Préserver la fertilité des sols : l’utilisation de plantes biotechnologiques en agriculture concourt au respect et au maintien de la fertilité en favorisant notamment des pratiques culturales sans labour et une utilisation raisonnée des produits phytopharmaceutiques. La réduction du labour permet de freiner l’érosion des sols, d’améliorer leur stabilité, de préserver l’habitat naturel de la faune et de la microfaune/flore du sol et de limiter l’émission des gaz à effet de serre.
- Protéger l’environnement : les chercheurs développent aujourd’hui des plantes capables de mieux résister à la sécheresse ou à la salinité, permettant ainsi de mieux gérer les disponibilités en eau. À terme, cela permettra également de cultiver des sols particulièrement arides ou salinisés.
- Mieux répondre à la demande alimentaire mondiale en croissance : en augmentant la productivité tout en réduisant les « intrants » (énergie, engrais, produits phytopharmaceutiques), les plantes biotechnologiques représentent, parmi d’autres techniques, un véritable potentiel pour atteindre cet objectif.
- Préserver la biodiversité : les cultures biotechnologiques peuvent augmenter les rendements sur des surfaces cultivables qui sont limitées, et donc mieux répondre à la demande alimentaire et non-alimentaire. Sur des sols agricoles limités, cela permet ainsi d’éviter le développement de cultures au détriment de zones riches en biodiversité : par exemple les forêts ou les zones humides.
La modification génétique des plantes ne fait que s’inscrire dans la continuité de la sélection des espèces végétales pratiquée depuis les débuts de l’agriculture – il y a environ 8000 ans - et qui vise à enrichir le patrimoine génétique de variétés nouvelles utiles pour nourrir et vêtir une population croissante. Le génie génétique s’inscrit dans cette amélioration des plantes en élargissant la gamme des outils à disposition des agriculteurs. Biologiquement, les espèces évoluent et les mutations génétiques sont courantes ; elles ont permis aux plantes de s’adapter aux conditions du milieu et les plus intéressantes ont toujours été sélectionnées par l’homme depuis qu’il est agriculteur.
Lorsque nous consommons des aliments, l’ADN et les gènes qui sont le support de l’information génétique (que les aliments soient issus d’OGM ou non), est détruit pendant la cuisson ou au cours de la digestion. Notre organisme s’alimente ensuite des éléments de base (d’origine OGM ou non) qui ne portent alors plus aucune information génétique initiale.
Par ailleurs, tous les OGM autorisés à l’importation ou à la culture en plein champ au sein de l’Union Européenne ont été soumis à des évaluations scientifiques très strictes qui ont conclu à leur innocuité pour la santé et pour l'environnement. Ce contrôle de l'évaluation des risques est opéré par des instances scientifiques indépendantes, notamment l’agence européenne de sécurité sanitaire des aliments (AESA), au cours d’une procédure très longue et préside à la délivrance officielle de l’autorisation de mise sur le marché exigée avant toute mise en culture. En France, c’est le Haut conseil des biotechnologies (HCB) et l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (AFSSA) qui assurent cette évaluation des cultures OGM.
181,5 millions d’hectares de cultures OGM ont été cultivés en 2014 dans le monde. Les cultures OGM représentent entre environ 10% des surfaces agricoles de la planète. 28 pays en cultivent notamment les Etats-Unis, l’Argentine, le Brésil ou encore le Canada, les plus gros producteurs. En Europe, l’Espagne, la Roumanie et la Slovaquie en cultivent également. Depuis 2013, un soja résistant aux insectes et tolérants à un herbicide a été planté. Depuis 18 ans, la culture des plantes biotechnologiques est présente à travers le monde. Depuis 1996, on observe une progression forte et continue par une adoption croissante par les agriculteurs de ces technologies. 18 millions d’entre eux cultivent des plantes biotechnologiques dans le monde, dont 90 % dans les pays en voie de développement.
Source : Rapport annuel de l’International Service for the Acquisition of Agri-biotech Applications (ISAAA) publié en 2015
S’agissant de la France, il faut bien distinguer la culture commerciale et la culture expérimentale. Depuis le moratoire de février 2008, la France a interdit la culture du maïs MON810 résistant aux insectes ravageurs, seule plante biotechnologique autorisée à la culture à des fins commerciales dans l’Union européenne.
Les cultures expérimentales qui ont lieu depuis 1987 sont en perte de vitesse. En 2000, on dénombrait plus de 170 essais en France, en 2007, il y en avait moins de 20. Suite au Grenelle de l’Environnement, 2009 et 2010 sont les premières années où la France n’hébergera aucune expérimentation OGM en plein champ.
Le nombre d’expérimentations très faibles et les destructions d’essais en plein champ ont conduit beaucoup d’entreprises françaises à réduire leurs investissements et délocaliser leur recherche à l’étranger, notamment dans d’autres pays de l’UE, en Inde, aux Etats-Unis, etc. Même la recherche publique est pratiquement stoppée en ce qui concerne les expérimentations aux champs : des chercheurs français ont quitté l’hexagone pour poursuivre leurs activités dans un contexte plus accueillant.
La France (et l’Europe) fut l’un des berceaux des biotechnologies végétales. Il est important qu’elle puisse soutenir et protéger ses capacités d’innovation et de développement dans ce domaine afin de répondre aux besoins d’une agriculture française, qui doit rester parmi les premières du monde. L’enjeu est de deux ordres : compétitivité et qualité des productions agricole et agro-alimentaires.
Les essais en champs constituent une étape essentielle dans la recherche agronomique : ils permettent en effet de valider dans des conditions réelles de culture les résultats obtenus en serre afin d’évaluer comment la plante interagit avec l'environnement qui l'entoure. Ces expériences sont conduites avec toutes les précautions nécessaires établies par le ministère de l’Agriculture pour, la plupart du temps, assurer le confinement biologique de ces essais : distances d'isolement strictes pour éviter tout croisement avec des plantes non-OGM de la même espèce ou d’une espèce proche et donc fécondables, destruction de la récolte, etc.
Les résultats d’essais permettent également de réaliser de nombreuses études et notamment des mesures sur l’impact éventuel des OGM sur l’environnement.
Les essais expérimentaux sont soumis à une réglementation où chaque acteur (ministère de l’Agriculture, ministère de l’Ecologie, Haut Conseil des Biotechnologies et services régionaux de la protection des végétaux) a un rôle bien défini.
En effet les autorisations sont accordées au terme d’une évaluation scientifique menée au cas par cas pour chaque nouvel OGM soumis aux autorités. Cette évaluation porte, entre autres choses, sur l’impact dans l’environnement et les risques pour la santé humaine.
En France, les essais en plein champ sont autorisés par le ministère de l’Agriculture et de la Pêche, après accord du ministère de l’Ecologie, de l’Energie, du Développement durable et de l’Aménagement du territoire sur avis du Haut conseil des biotechnologies.
Les lieux exacts des essais sont rendus publics, conformément à la loi du 25 juin 2008.
Depuis la loi de 2008, les collectivités territoriales participent pleinement aux autorisations expérimentales puisqu’elles sont représentées au sein du Haut conseil des biotechnologies. Elles disposent ainsi d’un représentant de l’Association des maires de France, un représentant de l’Association des départements de France et un représentant de l’association des régions de France.
Dans la procédure d’autorisation des essais OGM en plein champ, le maire est également sollicité. Il reçoit du ministère de l’Agriculture et de la Pêche (via la préfecture) le dossier de demande d’essai, lequel fournit la localisation parcellaire de l’essai ainsi qu’une fiche d’information du public (FIP).
Avant que l’autorisation ne soit délivrée, la règlementation prévoit des phases d’information et de consultation du public.
Le respect de bonnes pratiques par l’agriculteur (lorsqu’il sème, récolte et stocke) permet d’éviter une dissémination accidentelle d’OGM vers d’autres cultures. Ces bonnes pratiques agricoles sont : la gestion parcellaire et les mesures pour limiter la dissémination du pollen, la délimitation de zones tampon, la maîtrise des repousses, le suivi qualité pour éviter les mélanges… Le respect de ces pratiques permet ce que l’on appelle la « coexistence » entre cultures OGM, conventionnelles et « bios ».
Plus précisément, les scientifiques français et européens s’accordent sur les distances d’isolement entre champs. Pour le maïs, une distance de séparation de 20 à 25 mètres entre un champ OGM et un champ non-OGM, garantit que les récoltes des cultures non-OGM contiendront moins de 0,9 % d’OGM (en analyse ADN). Au-dessus de ce seuil défini par l’Union Européenne, la récolte doit être considérée comme OGM et l’étiquetage des produits récoltés et des ingrédients est déclenché afin d’informer le consommateur.
Dans la nature, la pureté absolue n’existe pas. Les mélanges croisés fortuits entre différents types de productions agricoles ont toujours existé : ils peuvent provenir de la présence d'impuretés dans les semences, d'une dissémination de pollen d'une culture vers une autre, de pratiques de stockage des récoltes et de transport…
Les réglementations européennes prévoient donc que chaque produit alimentaire (récolte, produit transformé ou ingrédient alimentaire) qui contient plus de 0,9 % d’OGM doit être étiqueté et signalé comme OGM. Ce seuil vise simplement à informer les opérateurs des filières alimentaires et les consommateurs. Ce seuil n’est en aucun cas un seuil sanitaire et quel que soit le niveau d’OGM présent dans un produit, il n’y a aucun risque pour la santé lié à sa consommation.
Le Haut conseil des biotechnologies a rendu son avis sur le « sans OGM » le 3 novembre 2009. Il s’agit de mettre en place un étiquetage « sans OGM » et permettre ainsi une meilleure information des consommateurs. Le Haut conseil propose donc aux opérateurs qui le souhaitent d’étiqueter les produits végétaux « sans OGM » s’ils contiennent moins de 0,1% d’ADN transgénique. Il recommande également un étiquetage « nourris sans OGM » pour les produits animaux (lait, œufs, viande…) ayant consommé des aliments contenant moins de 0,1% d’OGM.
Cependant, la définition du seuil « sans OGM » ne doit pas être détournée pour stopper la culture des OGM en France. En effet, la loi protège explicitement le droit de produire et de cultiver avec ou sans OGM. Les règles de coexistence permettront de cultiver dans une même zone sans exclusion des champs avec OGM, sans OGM, biologique ou autres. En effet, il est important de rappeler que l’agriculture est constituée d’un ensemble de filières présentant des problématiques identiques à celle des OGM : tournesol oléique et tournesol usuel qui ne doivent pas être mélangés, différents types de maïs (waxy, popcorn, maïs doux), blé protéique, etc. Toutes ces filières ont mise en place des règles de coexistence efficaces qui permettent d’éviter les traces et mélanges et de garantir efficacement la qualité technologique des récoltes.
OGM & Agronomie
En 2014, aux Etats-Unis, 73,1 millions d’hectares ont été cultivés en plantes transgéniques. Les principales espèces étant le soja, le maïs, le coton, le colza, la courge, la papaye, la luzerne et la betterave à sucre.
La pyrale est un insecte qui cause jusqu'à 30 % de pertes dans les récoltes de maïs. Sa larve est le ravageur le plus redouté dans la culture du maïs.
En France, la pyrale infeste 70 % des surfaces de maïs grain cultivé, soit 1 million d'hectares - causant une perte de 315 millions de francs, soit plus de 48 millions d'euros.
A peine éclose, la larve de la pyrale s'introduit dans la tige du maïs et progresse dans la plante en se nourrissant de ses tissus : le maïs ainsi affaibli ne se développe plus normalement.
Pour combattre la pyrale, les agriculteurs consacrent un budget important aux produits phytosanitaires ; mais leur efficacité reste limitée car une fois dans la tige, la larve est protégée des insecticides.
Trouver des solutions efficaces à la lutte contre la pyrale correspond donc à une réelle demande de la filière agricole. Dès les années 80, des recherches ont été engagées en ce sens. Elles ont abouti à la création du maïs Bt, dont la particularité est d'être résistante à ces insectes ravageurs.
La pyrale succombe en effet au Bacillus thuringiensis (d'où Bt), bactérie naturellement présente en très grande quantité dans le sol. Elle possède un mode d'action bien spécifique des insectes ciblés et les informations médicales acquises jusqu'à aujourd'hui, ont démontré son innocuité pour l'homme.
Cette bactérie produit une protéine insecticide affectant la pyrale. En intégrant le gène codant de cette protéine dans le capital génétique du maïs, la plante s'auto-protège. La production de cette toxine insecticide par la plante transgénique est constante, tout au long du cycle de vie de celle-ci. Dès que la pyrale dévore la feuille, la protéine Bt attaque irrémédiablement son système digestif et l'insecte meurt rapidement.
OGM & Environnement
Le génie génétique permet d'augmenter, chez les espèces cultivées, la diversité génotypique (patrimoine génétique) et par conséquent phénotypique (ensemble des caractères résultant de l'interaction entre le patrimoine et le milieu).
De plus, les biotechnologies génèrent un accroissement du potentiel de production des cultures - tant en qualité qu'en quantité - et cela, sans augmenter les surfaces cultivées. Ainsi, ces améliorations contribuent-elles au maintien des espaces naturels.
En outre, par une meilleure identification des caractères, ces biotechnologies engendrent une valorisation des variétés traditionnelles ainsi que celle des collections de gènes, source des améliorations.
"Le "risque zéro" n'existe pas, mais aucune étude n'a conclu actuellement à une menace qui pèserait sur la biodiversité et l'environnement du fait des organismes transgéniques," affirme Ismail Serageldine, vice-président de la Banque pour le développement durable. Il soutient, de plus, que les risques éventuels seraient nettement moindres que ceux engendrés par la "révolution verte" qui a permis de nourrir des centaines de millions de personnes en Asie, et notamment en Inde.
Il s'agit de plantes plus respectueuses de l'environnement. Explications :
- Tolérance spécifique à un désherbant "non sélectif"
Certains désherbants représentent un progrès pour la protection de l'environnement, du fait de leur faible toxicité et de leur biodégradabilité plus rapide. Parmi ces désherbants, certains "non sélectifs" (c'est-à-dire efficaces sur l'ensemble des plantes) peuvent être utilisés avec des plantes génétiquement modifiées, rendues tolérantes à l'un d'entre eux. C'est le cas, en particulier, de certains maïs, soja, colza et tabac transgéniques tolérants à l'un de ces herbicides. - Résistance à certains virus
Des plantes sont modifiées pour résister à certains virus végétaux.
Ce procédé peut s'appliquer non seulement aux courges, aux melons, aux bananes, aux concombres, à la laitue et aux patates douces mais aussi à la betterave et au coton. Cette autoprotection permet à la plante de bloquer à temps la progression du virus. - Résistance aux insectes
Des maïs peuvent être rendus résistants à la pyrale et à la sésamie (deux insectes nuisibles) par exemple - ce qui permet notamment de limiter le recours aux traitements insecticides. En Amérique du Nord, sur les 800 000 hectares cultivés de coton transgénique résistant à différents insectes, l'utilisation d'insecticide a été divisée par 5. Cette protection permet une action très ciblée – efficace uniquement contre les insectes visés. En effet, seuls les insectes qui auront voulu attaquer les plantes seront éliminés. - Des textiles teints sans nuire à l'environnement
Une nouvelle variété de coton a été modifiée génétiquement : les gènes introduits produisent une coloration de la fibre de coton. Cela permettra une réduction de l'utilisation de teinture chimique, très polluante pour l'environnement.
Grâce au génie génétique, il est possible de mettre au point des plantes résistantes aux insectes et maladies, ou tolérantes à certains herbicides – ce qui constitue un nouvel outil, complémentaire des moyens de lutte traditionnels.
L'utilisation de cette technologie permet donc d'élargir l'éventail des moyens de protection des cultures dont l'agriculteur a besoin pour améliorer la qualité de sa production, respecter au mieux l'environnement, voire réduire ses coûts.
Durant les cinq dernières années, on a observé une réduction de près de 20% du tonnage de matières actives utilisées (produits phytosanitaires). Mais, malgré cette baisse due à une utilisation plus raisonnée, ces produits restent néanmoins indispensables. En effet, dans l'état actuel de nos connaissances, ils sont les seuls à pouvoir limiter les pertes de récolte dans de nombreux cas.
La directive 2001/18/CE réglemente les disséminations expérimentales et la mise sur le marché des OGM. Conformément à cette directive, la sûreté des OGM dépend de plusieurs facteurs :
- des caractéristiques du matériel génétique ajouté (du transgène),
- de l’organisme final produit (ou plante receveuse),
- de l’environnement récepteur,
- et de l’interaction entre l’OGM et l’environnement.
L’évaluation des risques pour l’environnement vise à identifier et à évaluer les effets indésirables potentiels de l’OGM ou des OGM. Il peut s’agir d’effets directs ou indirects, immédiats ou différés. Cela inclut également tout effet cumulé et à long terme sur la santé humaine et l’environnement, pouvant découler de la dissémination volontaire ou de la mise sur le marché de l’OGM concerné.
Cette évaluation exige un examen des modalités de développement de l’OGM. Elle étudie les risques potentiels associés aux nouveaux produits fabriqués par l’OGM (par exemple des protéines toxiques ou allergènes) ainsi que la possibilité d’un transfert de gènes.
La méthode d’évaluation des risques comporte les étapes suivantes :
- identification de toute caractéristique de l’OGM susceptible d’avoir des effets néfastes,
- évaluation des conséquences potentielles de chaque effet néfaste,
- évaluation de la probabilité d’apparition de chaque effet néfaste potentiel identifié,
- estimation du risque présenté par chaque caractéristique identifiée de l’OGM,
- application de stratégies de maîtrise des risques résultant de la dissémination volontaire ou de la mise sur le marché de l’OGM,
- détermination du risque global présenté par l’OGM.
En France une loi encadre les OGM : il s’agit de la loi du 25 juin 2008 qui doit être mise en œuvre via des décrets d’application pour certains articles. (Loi publiée au Journal officiel du 26 juin 2008)
OGM & Pays en Voie de Développement
La surface des cultures transgéniques dans les pays en voie de développement est en augmentation constante. En 2014, plus de la moitié de la surface totale a été cultivée par les pays en voie de développement, soit 97 millions d’hectares. Les cinq principaux pays du sud qui ont cultivé des plantes transgéniques sont le Brésil, l’Argentine, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud.
Certains pays en voie de développement sont déjà engagés dans l'application de ces nouvelles techniques, comme le Centre de la pomme de terre au Pérou ou le Centre du riz aux Philippines.
Le génie génétique constitue une des réponses possibles à l'accroissement démographique et à la raréfaction des terres agricoles. En effet, il permettra de créer des variétés nécessitant moins de traitements chimiques ou résistantes à la sécheresse, ou encore enrichies en éléments nutritifs qui font défaut à certaines populations, etc.
C'est le cas du riz enrichi en bêta-carotène. Ce dernier étant utilisé par notre organisme pour fabriquer de la vitamine A. Ce nouveau riz s'avère particulièrement intéressant pour des millions de personnes qui présentent, comme en Asie, des carences en vitamine A.
Autre cas, celui du manioc. Il constitue l'alimentation de base de 500 millions de personnes dans le monde mais il présente un problème essentiel : il pourrit très rapidement après la récolte, produisant alors une substance qui dégage du cyanure. Des recherches sont actuellement en cours pour ralentir la putréfaction des variétés de manioc et les rendre résistantes aux parasites par transfert de gènes.
OGM & Alimentation
Beaucoup de plantes consommées produisent naturellement des substances qui leur permettent de se défendre contre certains insectes ravageurs.
Le maïs génétiquement modifié, dont la mise sur le marché a été autorisée dans l'Union Européenne, produit une substance (toxine Bt) destinée à le protéger d'une chenille (la pyrale) - qui peut détruire jusqu'à 20 % des récoltes.
Cette substance a fait l'objet d'études approfondies : elle s'est révélée parfaitement inoffensive pour l'homme et pour tous les animaux, à l'exception, précisément, des chenilles de ce type. Des tests de toxicité aiguë et chronique ont en effet démontré que les vertébrés en particulier ne sont pas sensibles à la toxine Bt.
Elle est utilisée depuis plus de 30 ans aux États-Unis où elle est dispersée par hélicoptère sur de grandes surfaces telles que les forêts.
Les biotechnologies contribuent à l'amélioration des qualités gustatives des aliments (fruits, légumes et féculents). L'objectif étant de fournir aux consommateurs éloignés des lieux de production des produits aux arômes développés.
Des tomates à maturation retardée plus savoureuses : Ces tomates ont la propriété de résister au ramollissement accompagnant leur mûrissement. Ainsi, elles se conservent mieux, ont davantage de saveur et contiennent plus de vitamines - car elles peuvent être récoltées à un stade de maturation avancée. Elles sont commercialisées aux Etats-Unis depuis 1994.
Des melons plus sucrés qui se conservent plus longtemps : Par transgénèse, on introduit, dans le melon, un gène qui contrôle sa maturation et diffère le ramollissement qui accompagne son mûrissement. Ces melons, qui peuvent alors mûrir plus longtemps sur pieds, ont une teneur en sucre et arômes plus importante. Le produit n'est pas encore sur le marché.
Des bananes aux arômes et au goût plus développés : Ces fruits exotiques sont actuellement ramassés «verts», avant maturité, dans leur zone de production. Par transgénèse, il est possible de bloquer pendant un certain temps l'activité du gène contrôlant la maturation du fruit, retardant ainsi son ramollissement. Ces bananes peuvent donc mûrir plus longtemps sur pieds et arriver sur nos tables plus sucrées et avec plus d'arôme, comme c'est le cas dans les pays producteurs.
Un riz plus parfumé : Grâce à l'identification du principal gène responsable de l'arôme du riz, il sera désormais possible de coupler l'amélioration qualitative avec la performance agronomique. Ainsi, seront bientôt disponibles pour les consommateurs de nouveaux riz Basmati et Thaï plus parfumés.
L'amidon modifié présent dans de nombreux produits alimentaires n'a, a priori, rien à voir avec l'amidon provenant du maïs (ou d'autres plantes) génétiquement modifié.
La modification de l'amidon peut être réalisée par voie chimique, physique ou enzymatique dans le but de lui donner des propriétés particulières. C'est donc par traitement chimique que l'on obtient de l'amidon appelé modifié.
Par amidon modifié, on entend amidons acétyles, amidons acétyles à réaction glycérique ou à réaction adipique. Ils sont de faible viscosité.
On peut également opérer un traitement chimique par éthérification pour conférer aux molécules d'amidon un caractère électropositif.
Il n'y a pas davantage de risques avec un produit issu d’une plante génétiquement modifiée qu'avec tout autre produit - comme les fruits ou légumes exotiques - nouvellement introduits sur le marché.
Certaines personnes sont allergiques à des aliments courants (arachide, crevette, lait, œuf, poisson,...). Une banque de données mondiale a été mise en place afin de répertorier les protéines responsables de ces allergies ainsi que les gènes qui les produisent (Protein Allergen Database : PAD, issue du National Center for Food Safety and Rechnology).
Cette banque permet aux entreprises de comparer et d’avoir le degré d’homologie entre la séquence de leur transgène et la séquence de ces gènes. S’il y a une homologie entre ces séquences, le sélectionneur ne retiendra pas ce transgène pour le transférer à une plante.
L’AFSSA, Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments, établissement public de l'État placé sous la tutelle des ministères de la Santé, de l'Agriculture et de la Consommation, est chargée de la veille sanitaire et de la surveillance des produits destinés à l'homme.
Dans le cas d’une demande d’autorisation de mise sur le marché d’une plante transgénique, l’AFSSA est saisie par la Direction générale de l’alimentation. Toutes les plantes génétiquement modifiées sont donc soumises à l’analyse d’un comité d’experts spécialisé "biotechnologies" et par l’AFSSA pendant la demande d’autorisation de mise sur le marché.
OGM & Industrie
Les biotechnologies ouvrent de nouvelles perspectives dans les secteurs industriels, notamment dans :
- L'industrie de la pâte à papier. Des recherches sur le peuplier sont ainsi menées en fonction de caractères intéressants sur le plan industriel. Il s'agit, par exemple, de travailler sur la diminution de la teneur en lignine, composé du bois qu'il est nécessaire d'éliminer lors de la fabrication du papier. De telles variétés rendraient moins polluante l'industrie papetière.
- La production de plastique biodégradable par des plantes transgéniques. Notamment le colza qui intégrerait des gènes bactériens impliqués dans la synthèse de polymères de la famille des polyhydroxyalcanoates (PHA). Les biopolymères ainsi produits pourraient être utilisés dans l'industrie de l'emballage et se détruire rapidement après utilisation. Actuellement, les quantités générées demeurent modestes mais les recherches sont en cours afin d'augmenter le rendement.
- L'industrie textile. Des recherches sont menées pour la production de protéines de soie d'araignée par des plants de tabac transgéniques - lesquels intègreraient des gènes d'araignée responsables de la synthèse des protéines de soie. La soie d'araignée possède des propriétés étonnantes. Fine, biodégradable, très élastique et résistante, elle pourrait servir à la fabrication de matériaux d'une extrême légèreté, suffisamment solides pour résister à des contraintes de force précises, comme par exemple, des fils de suture, des câbles ou des vêtements pare-balles souples et minces.
- La production de biocarburants à partir de colza transgénique.
- La production de coton transgénique déjà teint en bleu, diminuant ainsi l'utilisation de colorants très polluants.
OGM & Santé
L’AFSSA (Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments) a conclu dans un avis de janvier 2002 que l’utilisation de gènes marqueurs de résistance aux antibiotiques n’augmentait pas de manière significative le risque d’apparition de germes pathogènes résistants, et ceci pour trois raisons :
- Le risque de transfert du gène de résistance aux antibiotiques - de la plante vers les micro-organismes du sol et de la flore intestinale - est théorique et n’a jamais été démontré ni en conditions naturelles ni en conditions expérimentales.
- La présence naturelle de gènes de résistance à la kanamycine et à l’ampicilline est très élevée chez les bactéries, aussi bien dans la flore intestinale que dans le sol.
- L’utilisation d’antibiotiques comme facteur de croissance en nutrition animale et leur emploi en médecine humaine et vétérinaire sont la source majeure de l’émergence et de la diffusion des résistances aux antibiotiques.
D’autre part, les gènes contenus dans les aliments et les protéines sont détruits en quasi totalité lors de la cuisson ou de la digestion. Le gène de résistance à un antibiotique intégré dans la plante est donc inactivé.
Il n'y a donc pas de risque de rendre inefficace un traitement antibiotique pour l'homme par ce biais - même si des gènes qui donnent une résistance à un antibiotique ont été introduits dans la plante.
Par ailleurs, la directive 2001/18 relative à la dissémination volontaire d’OGM dans l’environnement, a prévu l’élimination progressive de ces marqueurs de résistance aux antibiotiques (uniquement ceux qui ont une importance médicale). Elle est effective depuis le 31 décembre 2004 pour les OGM utilisés à des fins commerciales et depuis 2008 pour les OGM utilisés pour les besoins de la recherche.
Pour s'assurer de l’innocuité des plantes génétiquement modifiées avant leur commercialisation, les scientifiques doivent respecter un processus d’évaluation strict dont les principales étapes sont :
- la caractérisation de l’organisme comestible parental,
- la caractérisation moléculaire de la nature de la modification génétique (position d’insertion de ce nouveau gène, nombre d’exemplaires insérés et niveau d’expression de ce gène),
- la caractérisation toxicologique et allergène des protéines produites par ce transgène,
- l'établissement d’une équivalence substantielle entre l’organisme comestible parental et la nouvelle plante transgénique, par des analyses chimiques et phénotypiques.